Le slow tourisme, où l’art de voyager en prenant son temps

Qu’est-ce que le slow tourisme ? 

On en parle de plus en plus, notamment depuis la crise sanitaire qui a ralenti le monde entier. 🐌

En effet, en cette période où les activités “non essentielles” ont été mises à l’arrêt et confinées à un périmètre restreint, beaucoup ont passé leurs vacances en France.

On a alors découvert des trésors insoupçonnés à deux pas de chez soi, et on s’est demandé si prendre l’avion à tout prix, pour aller le plus loin possible, était nécessaire pour s’évader et se ressourcer.

Mais le slow tourisme (ou tourisme lent, de l’anglais slow tourism) prend en fait ses racines dans un mouvement de la fin des années 80, en réaction au consumérisme grandissant.

On revient sur les origines du slow tourisme et ses principes qui influencent notre façon de voyager aujourd’hui.

Qu’est-ce que le slow tourisme ?

Slow tourisme : définition

Le slow tourisme, ou slow travel, c’est un peu le contraire du tourisme de masse

C’est un tourisme alternatif qui s’inscrit dans les valeurs du tourisme durable et qui promeut la déconnexion, la redécouverte de territoires de proximité, la rencontre et le partage avec les populations locales.

Il favorise la durabilité et un tourisme responsable grâce à la réduction de l’empreinte carbone et au soutien aux économies locales, l’authenticité, le ralentissement de nos modes de vie frénétiques, et la découverte en profondeur.

D’où vient le slow tourisme ?

Le slow tourisme trouve ses origines dans le mouvement plus large du « slow » qui a émergé à la fin des années 80 pour contrer le rythme de vie moderne, la consommation rapide et les effets négatifs de la mondialisation.

Le mouvement “slow” est plus précisément est né en 1986 avec l’initiative slow-food de l’Italien Carlo Petrini, écrivain et activiste, en réponse à l’installation d’un MacDonald’s, symbole de la fast-food, en plein cœur de Rome.

À l’époque, il réunit plusieurs gastronomes de la région afin de redonner sa place à la gastronomie locale, traditionnelle et familiale.

Résonnant encore fortement aujourd’hui, le slow-food prône : 

  • la valorisation du travail des producteurs locaux et leur juste rémunération ;
  • la mise en avant des traditions et du terroir ; 
  • le respect de l’environnement avec une consommation locale et de saison.

Depuis, d’autres concepts de slow-life ont fait leur apparition, dont la slow-fashion et le slow-travel.

Développement du slow tourisme

Dans les années 2000, le slow tourisme émerge donc en tant que branche distincte du mouvement slow, avec une prise de conscience croissante des impacts environnementaux et sociaux du tourisme de masse

Les voyageurs commencent à rechercher des expériences plus authentiques et à privilégier des pratiques durables.

Le slow tourisme promeut notamment l’idée de voyager de manière consciente et réfléchie, en prenant le temps d’explorer une destination, de s’imprégner de sa culture, de déguster sa cuisine et de respecter son environnement.

En 2009, Nicky Gardner, défenseuse britannique du tourisme durable, de l’éthique du voyage et cofondatrice de Much Better Adventures, écrit d’ailleurs le manifeste du voyage lent (A manifesto for slow travel).

À partir des années 2010, le slow tourisme gagne en popularité grâce aux réseaux sociaux, où de nombreux voyageurs partagent des expériences de voyage authentiques, comme le tour du monde à vélo ou en stop, incitant d’autres à suivre cette voie.

Le slow tourisme est d’autant plus perçu comme une alternative au tourisme de masse pendant la pandémie de COVID-19, qui met en lumière la nécessité de repenser nos pratiques de voyage pour être plus durables et respectueuses.

Principes clés du slow tourisme selon Nicky Gardner

Dans sa publication, Gardner établit des principes qui valorisent l’expérience qualitative, la découverte approfondie et la réduction de l’impact environnemental.

© extrait du manifeste du slow-travel de Nicky Gardner

1. Commencer chez soi

Le slow travel commence par un état d’esprit qui se cultive avant même de partir. 

En adoptant une approche attentive et consciente dans sa vie quotidienne, on développe une meilleure capacité d’immersion et d’appréciation lors des voyages.

2. Voyager lentement

Dans la mesure du possible, éviter les avions et privilégier les modes de transport plus lents comme les ferries, les bus locaux ou les trains régionaux. 

Ces moyens de transport dits de mobilité douce permettent de renouer avec le paysage, de mieux ressentir les distances et de savourer chaque étape du trajet.

3. Apprécier le voyage autant que la destination

Plutôt que de se focaliser uniquement sur l’arrivée, Nicky Gardner invite les voyageurs à savourer le chemin. 

Cette anticipation consciente ajoute une dimension de plaisir et de découverte au voyage lui-même.

4. Explorer les marchés et commerces locaux

Les marchés et boutiques locales offrent une immersion dans la vie quotidienne du lieu visité. Ils permettent de soutenir l’économie locale et de découvrir les produits typiques, souvent absents des circuits touristiques.

5. Profiter de la culture des cafés  

S’attarder dans un café pour observer la vie qui se déroule autour est un moyen de faire partie de la scène locale. Cette pratique transforme le voyageur en un acteur du lieu, plutôt qu’en simple observateur de passage.

6. S’immerger dans la langue et les dialectes locaux  

Prendre le temps de se familiariser avec la langue et les expressions du lieu visité enrichit l’expérience. Même quelques mots appris sur place facilitent les échanges et renforcent le lien avec la culture locale.

7. S’engager auprès des communautés locales  

Choisir des options d’hébergement et de restauration en adéquation avec l’endroit visité permet de respecter les coutumes locales. En privilégiant des choix qui soutiennent les communautés, on limite l’impact négatif du tourisme de masse.

8. Vivre comme les habitants plutôt que suivre les guides  

Au lieu de s’en tenir strictement aux recommandations des guides touristiques, Gardner encourage à s’imprégner des pratiques locales et à s’intégrer dans le quotidien des habitants.

9. Apprécier l’inattendu  

Les imprévus, comme les retards ou les changements de programme, peuvent créer des opportunités inattendues de découverte et de rencontre. Ils enrichissent souvent le voyage d’une façon inattendue.

10. Penser à ce qu’on peut redonner aux communautés visitées  

Plutôt que de simplement « consommer » le lieu, le slow travel propose une réflexion sur la contribution aux communautés locales. Cela peut se faire par des gestes simples, comme soutenir des initiatives locales, ou par une attitude respectueuse qui valorise la région et ses habitants.

En somme, le slow tourisme encourage à :

  • voyager moins souvent et plus longtemps ;
  • utiliser des modes de transport doux ;
  • s’ancrer dans la culture locale ;
  • favoriser le tourisme de proximité ;
  • rechercher l’expérience plutôt que la consommation ;
  • adopter une approche écologique ;
  • prendre le temps ;
  • soutenir les initiatives locales.

Le slow tourisme en France

Le slow tourisme en France se développe rapidement, offrant aux voyageurs la possibilité de découvrir le pays d’une manière plus consciente, respectueuse et immersive. 

Avec sa diversité géographique, culturelle et gastronomique, la France est un terrain idéal pour pratiquer le slow tourisme. 

Quelques chiffres

En 2022, l’État a d’ailleurs lancé un appel à projet pour encourager un tourisme plus durable et de proximité doté de 4,7 millions d’euros.

Il a permis d’accompagner 73 projets sur le territoire, dont 62 en France métropolitaine et 11 dans les Outre-mer, notamment en faveur du cyclotourisme et du tourisme fluvial.

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L’empreinte écologique liée à leur voyage impacte l’enthousiasme de près d’un Français sur deux. 

Les nouvelles tendances de voyage intéressent davantage les Français que leurs voisins [européens], notamment le tourisme « slow » (76% vs 69%), voyager vers des destinations moins touristiques, visiter des lieux moins fréquentés (75% vs 70%) ou participer à des séjours culinaires (44% vs 37%).”

Ipsos — 23ᵉ édition de son Baromètre annuel des Vacances pour Europ Assist, parue en mai 2024

Comment faire du slow tourisme en France ?

Le slow tourisme en France offre une alternative enrichissante aux voyages traditionnels, permettant aux visiteurs de se connecter de manière plus significative avec les paysages, les cultures et les personnes. 

Voici quelques règles d’or du tourisme slow :

Choisir des hébergements locaux

Optez pour des hébergements (campings familiaux, chambres d’hôtes ou gîtes), qui favorisent les pratiques durables et soutiennent l’économie locale.

Opter pour la mobilité douce

Profitez des trains, tramways et bus pour vous déplacer entre les destinations.

Louez un vélo ou partez à pied pour explorer les environs à votre rythme.

Participer à des activités locales

Participez à des cours de cuisine, des ateliers d’artisanat ou des festivals pour découvrir la culture locale.

Privilégiez les visites guidées par des habitants pour une perspective authentique sur la région.

Respecter l’environnement

Pratiquez le zéro déchet en emportant vos propres contenants et en évitant les produits jetables.

Restez sur les sentiers balisés et respectez la nature.

Où pratiquer le slow tourisme en France ? Exemples

Que ce soit en flânant dans un village provençal, en randonnée dans les Alpes ou en explorant les sentiers de Bretagne, cette approche du voyage alternatif encourage une immersion authentique et respectueuse.

Slow tourisme en…Exemples d’activités slow
ProvenceExploration des villages pittoresques comme Gordes et Roussillon
Randonnées dans les champs de lavande
Visites de marchés locaux
Participation à des ateliers de cuisine
BretagnePromenade sur le GR34, le sentier côtier des douaniers, pour découvrir des paysages maritimes époustouflants et des plages isolées
Découverte des traditions bretonnes à travers la musique, la danse et la gastronomie.
DordogneVisite des sites préhistoriques, des châteaux médiévaux et des villages classés tout en profitant de la nature environnante
Canoë sur la Dordogne
Participation à des festivals locaux
AuvergneDécouverte des volcans endormis, des lacs et des forêts de cette région peu fréquentée
Participation à des ateliers de poterie ou de gastronomie locale, comme la fabrication de fromage
OccitanieBalade à pied ou à cheval en bord de mer
Observation de la faune et la flore autour des étangs
Camping en pleine nature dans les forêts de pins

Des enjeux désormais incontournables

Le tourisme “slow” est le fruit d’une évolution culturelle et sociale, marquée par une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et de la recherche d’expériences plus enrichissantes, mémorables et uniques.

Oui, il s’agit d’un tourisme local certes, et on ne dit pas qu’il ne faut plus jamais parcourir le monde, mais plutôt réfléchir à l’impact de nos vacances sur la planète et les populations.

N’hésitez pas à parcourir notre site, où nous détaillons les régions et les départements de France, leurs points d’intérêt spécifiques et les campings écoresponsables locaux.